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Les causes superficielles de la violence

Il y a beaucoup de causes superficielles à la violence. Il y a le fait que ceux qui prennent les décisions politiques à la tête de cette culture sont plus intéressés par leur propre pouvoir personnel et celui de l’Etat que par le bien-être des êtres humains et non humains. Autrement dit, l’obtention et le maintien aux accès des ressources et la facilitation de la production sont plus importantes pour eux que la vie elle-même. Autrement dit le pouvoir est plus important que la vie. Autrement dit, ils sont insensés. Si c’était une racine du problème au lieu d’en être une manifestation superficielle, nous pourrions saper la violence de cette culture tout simplement en remplaçant les décisionnaires par de plus raisonnables, de plus sensés, plus empathiques, plus humains. Mais imaginez si demain un président américain décidait que les EU ne permettraient plus aux entreprises de prendre le pétrole nulle part si les gens eux-mêmes (et non les gouvernements) ne veulent pas le céder, et de même pour les métaux, le poisson, la viande, le bois, tout. Même plus, aucune ressource ne serait extraite si leur extraction nuit au monde naturel de quelle que manière que ce soit. En d’autres mots, notre président aurait décidé de mettre en place une économie qui n’exploite pas, vraiment viable, le genre d’économie que tout le monde, sauf les psychopathes, dirait vouloir, le genre d’économie dont les militants environnementaux et sociaux diraient qu’ils tendent vers ça. Présumons que le Congrès et la Cour Suprême suivent –une présomption extraordinairement douteuse – et présumons que le président ne serait pas assassiné par des agents de la CIA, des compagnies pétrolières ou autres mercenaires – encore plus douteux – alors les prix flamberaient, la façon de vivre à l’Américaine imploserait, et les révoltes empliraient (probablement) les rues. L’économie s’effondrerait. Peu après la tête du président serait plantée sur un piquet au 1600 de l’avenue de Pennsylvanie. Le problème c’est que les seules personnes pouvant être présidents sont celles qui peuvent institutionnaliser des politiques qui accordent plus de valeur à l’économie et à la production qu’au vivant. Une personne sensée et humaine ne voudrait et ne pourrait pas tenir dans une telle position.

Une autre cause superficielle de la violence est que ceux qui prennent les décisions économiques (si elles s’opposent aux décisions politiques, dans la mesure où il a une différence) dans cette culture sont aussi ceux qui sont plus intéressés par l’accumulation du pouvoir – dans ce cas la richesse monétaire – que par l’enrichissement des communautés humaines et non humaines qui les entourent. En lui-même, leur intérêt à exploiter ces communautés ne serait pas plus un problème que toute autre compulsion, comme le ménage excessif ou le lavage obsessionnel des mains. Cela devient un problème seulement à cause de cette soif de pouvoir et le travail avide qui se côtoient au sein de cet Etat-compagnie, le pouvoir assoiffé maniant le bras de fer militaire et policier pour les avides, garantissant aux riches qu’ils auront les ressources qu’ils veulent pour augmenter leurs richesses – avec les armes, si nécessaire – et garantissant aussi que ceux qui s’opposent à ce transfert de ressources seront tués.

Mais même l’union du commerce et de la politique, n’est pas, en elle-même, une source de la violence, mais un mécanisme qui la sert. Si l’engrenage qui implique et le gouvernement et l’industrie était la cause essentielle de la violence de cette culture, nous pourrions y remédier relativement facilement en appelant à une convention constitutionnelle et en insérant des contrôles et des rééquilibrages pour éviter ça dans le futur. Et si ceux au pouvoir s’opposaient à nous, en continuant leur politique actuelle qui consiste à nous taxer sans nous représenter, et bien, nous pourrions simplement suivre le conseil de Thomas Jefferson, d’Abraham Lincoln et des Beatles et dire que nous voulons une révolution (reconnaissons que les Beatles relèvent plus du verbiage insignifiant que les deux autres, bien qu’écouter avec attention la version doo-wop, je pense, peut fournir une idée de leurs convictions). Mais nous nous retrouverions, après que la poussière retombe et que le sang cesse de couler dans les rues, avec notre glorieux tout nouveau gouvernement révolutionnaire devant affronter le même bon vieux problème, à savoir comment prendre les ressources de la campagne pour les donner aux grandes villes, aux fabricants. Nos nouveaux chefs seraient par nécessité aussi violents que nos anciens chefs.

Nous pouvons faire facilement une longue liste d’autres mécanismes ou causes superficielles de la violence. Il y a le fait que ceux au pouvoir se sont entourés d’institutions comme les systèmes judiciaires et militaires (en fait toute la structure gouvernementale) dans le but de protéger et de maintenir leur pouvoir. Il y a le fait que le système social valorise l’accumulation insatiable de richesses et de pouvoirs. Il y a le fait que nous sommes tous immergés dans une mythologie qui, loin de nous faire voir que cette accumulation est une grande source de violence, nous fait penser celle-ci non seulement comme acceptable, raisonnable, et désirable, mais aussi la seule façon d’être, la façon, en fait, dont fonctionne le monde réel. Il y a le fait que cette même mythologie glorifie la violence, tant qu’elle est perpétrée par ceux qui sont au pouvoir ou leurs subordonnés: les hauts cadres d’Hollywood ont rencontré récemment le conseiller principal du président, pour, selon les propos du New York Times, trouver « un terrain commun sur la manière dont l’industrie du loisir pouvait contribuer à l’effort de guerre, en s’inspirant de l’esprit, si ce n’est des compétences du partenariat formé entre les cinématographes et les planificateurs militaires des années 40 »; simultanément, Tom Cruise disait être concerné par son rôle dans son prochain film, de collecteur d’ordures, euh désolé, d’agent de la CIA, désireux de montrer « la CIA sous une lumière aussi positive que possible. »90 Voici l’arrogance des civilisés, qui se considèrent comme moralement et autres supérieurs à tous le reste, et qui par conséquent peuvent exploiter ou exterminer en toute impunité (et immunité) morale . Voici l’arrogance des humanistes qui croient que nous sommes séparés et supérieurs aux non humains, que l’on peut aussi exploiter et exterminer à volonté. Et voici la pulsion de mort de cette culture, nous poussant tous à mettre fin à toute vie sur la planète tout en nous maintenant hors de notre corps et de notre âme.

Tout ça est en place, et il y a de bonnes raisons de travailler à tout stopper ou tout ralentir. D’aucune manière je suis en train de suggérer que nous ne devrions pas travailler à réduire la nocivité de ces mécanismes ou causes superficielles, pas plus que je suggèrerais aux gens de ne pas travailler sur les numéros d’urgence pour les victimes de viol, ou de ne pas tenter de stopper un violeur. Mais je ne suggèrerais pas non plus que de travailler sur un numéro d’urgence pour les victimes de viol mettra un terme de quelle que manière que ce soit au réel problème du viol. Parmi ceux que je connais qui ont travaillé sur les questions de la violence des hommes contre les femmes, aucun n’a suggéré que cela pouvait régler quelque chose. Ni que les femmes pouvaient penser positif ou pratiquer des exercices spirituels adéquats afin de stopper les viols des hommes sur les femmes. La régulation peut être fabuleuse et importante, mais il ne faut pas se faire d’illusions sur sa portée. Prier le gouvernement et l’industrie d’arrêter de détruire la planète et de tuer les gens dans le monde ne marchera jamais. Ça ne peut pas marcher.

Traduction: derrickjensenfr.blogspot.ca


90 Cottin heather, « Scripting the Big Lie: pro-war propaganda proliferates » Workers World Newspaper

29 novembre 2001,   http://groups.yahoo.com/MainlineNews/message/20262.

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